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Country & gentlemen

Allelula, Marcel Dadi est de retour . Il commençait, avouons le, a nous manquer. Certains croyaient même qu 'il avait pour de bon « raccroché ». Et comme un bonheur ne vient jamais seul, c'est en duo avec son vieux copain Jean-Félix Lalanne que Marcel à choisi d'effectuer sa rentrée, sur scène comme sur disque, avec deux concerts à l'Olympia pour fêter la sortie de l'album qu'ils viennent de réaliser ensemble.

Il se peut qu'on ait oublié, quinze ans après, la véritable bombe que représenta en son temps l'arrivée sur la scène musicale française - et bientôt, sur la scène musicale tout court de « La Guitare àDadi ». Marcel, qui avait alors vingt et un ans, poursuivait ses études de kinésithérapie parallèlement à la pratique de la guitare, qu'il exhibait avec de plus en plus d'assurance et de succès lors des « hootenannies »du Centre Américain, parrainés par Lionel Rocheman. Un amateur (très) doué et ambitieux, mais qui n'avait pas encore choisi son destin professionnel. Dans le milieu du folk français, peu de guitaristes pratiquaient le fingerpicking on préférait soit le flatpicking (jeu avec médiator), sur le modèle des pièces instrumentales de Doc et Merle Watson (exemples Claude Lefèbvre ou Gabriel Yacoub), soit la bonne vieille pompe rythmique pour accompagner des chansons, soit encore les mélodies en arpèges. Et puis, bien sûr, le blues. Mais il fallait le chanter! Dadi fut le premier chez nous à faire circu1er les noms et les musiques de Chet Atkins et de Merle Travis, ses «idoles», dont les disques étaient importés au compte-gouttes et les concerts inexistants. Il montra, preuves à l'appui, que les possibilités du jeu avec basses alternées, permettant de superposer sur un seul instrument la rythmique et la mélodie, étaient immenses, mais qu'en plus on pouvait apprendre à le maîtriser sans connaître le solfège ! Dans un pays marqué par la culture classique et l'influence des conservatoires, c'était une petite révolution. Le succès immédiat de la rubrique « La Guitare à Dadi» dans Rock & Folk prouva néanmoins que cette démarche répondait à une attente. Les ventes du premier album du même titre, avec livret de tablatures inclus, atteignant rapidement les cent mille exemplaires, étonnèrent tout le métier, à commencer par ses éditeurs Marcel ne faisait pas de campagne promotionnelle, sa photo n'apparaissait même pas sur la pochette du disque (il avait choisi un dessin de Mandryka) et sa musique était diffusée sur toutes les chaînes de radio. Par le biais de ses cours, au «Folk-Club » Quincampoix et ailleurs, il suscitait des vocations Michel Haumont, Patrick Moulou, Bernard Bigo, Olivier Lataste et d'autres publiaient à leur tour des disques avec livrets de tablatures. Le mouvement était lancé.

Pour son deuxième album, Dadi's Folks, Marcel innovait non seulement en invitant d'autres musiciens à tour de rôle sur plusieurs morceaux, mais en indiquant au verso de la pochette la marque et le type des instruments utilisés. A la diversité des sons et des styles, il ajoutait ainsi le souci pédagogique qui a toujours fait partie de sa démarche. Il continuait ainsi, à travers ses fameux Song for..., à éditer des titres en hommage à des maîtres dont il revendiquait l'influence.

L'Olympia

Entretemps, il avait enfin réalisé son rêve rencontrer Chet Atkins en personne et jouer avec lui. Mieux encore, c'était Atkins qui s'était dérangé sans être sollicité au retour d'une tournée des pays scandinaves, en 1974, Chet, qui avait entendu un disque de Marcel apporté à Nashville par une relation commune, faisait un crochet spécial par Paris pour rencontrer le jeune prodige ! Au cours d'un session impromptue dans un magasin de musique de la capitale, Atkins s'aperçut bien vite que, dépassant l'admiration du simple fan, Dadi vivait en fait depuis des années dans l'intimité de sa musique. L'amitié entre les deux hommes fut immédiate, au point que Chet allait devenir le témoin de mariage de son disciple Ils se revirent plusieurs fois à Nashville, où Marcel viendrait enregistrer avec des «pointures » du crû (Buddy Spicker, Charlie McCoy, BilI Keith, etc). Jusqu'à ce jour de l'été 1977 où Marcel demanda à Chet d'être son « guest star » sur la scène de l'Olympia l'automne suivant. Atkins raconte lui-même, dans les notes de pochettes de l'album live Dadi and Friends -Vol. 2, à la fois le plaisir et l'appréhension que lui causa cette invitation, lui qui restait largement inconnu du public et même du métier français « Je restai dubitatif quant au succès de cette tentative jusqu'à mon arrivée à Paris. Il s'avéra finalement qu'en plus d'être jeune et beau et très bon musicien, Dadi était célèbre et très aimé en France. Il pouvait remplir l'auditorium pendant plusieurs jours. Tout ce que j'avais à faire, c'était de me pointer. » Rappelons que Marcel convainquit RCA-France de sortir quelques albums d'Atkins en pressage local, alors que l'intéressé était le directeur de RCA à Nashville.

Dadi, qui avait déjà réuni une belle brochette d'invités pour son précédent Olympia (comme en témoigne l'album Dadi and Friends), fit cette fois découvrir à ses fans, en plus de Chet, un jeune et brillant guitariste français de style jazzy, Raphael Fays, alors âgé de dix-huit ans. Parfois attaqué dans la presse ou par le public des festivals folk (inévitable rançon du succès), Marcel n'en continuait pas moins ses recherches musicales des deux côtés de l'Atlantique tout en s'expliquant patiemment en interviews.

Duo, trio

Dadi venait alors de faire la connaissance d'un autre jeune guitariste prometteur: Jean-Félix Lalanne, Marseillais dont le frère Francis entamait une carrière étonnante et controversée dans la chanson. Jean-Félix joua souvent dans le groupe de scène de Francis, mais sa rencontre avec Marcel fut une autre aventure. Il raconte à Guy Dupont, pour G & C: « On se connaît depuis douze ans et on a toujours joué ensemble. Marcel m'invitait à ses concerts et je jouais, seul ou avec lui. On est toujours restés en contact même si, parallèlement, j'ai enregistré des disques de guitare classique (Chopin) ou jazz-rock (Galaxy). On a fait une tournée de cinquante concerts en 1982, prémices du duo actuel puisque à cette occasion on a travaillé et écrit des pièces pour deux guitares et non pas joué du Chet Atkins ou du Jerry Reed. Puis, pendant cinq ans, Marcel s'est retiré et moi j'ai évolué dans la composition, la production; j'ai écrit des musiques de films, travaillé pour des orchestrations, des arrangements... Enfin on s'est retrouvés pour créer un répertoire pour deux guitares».

Le résultat sera sûrement intéressant, voire étonnant. Mais l'initiative en elle-même n'est une surprise que pour ceux qui connaissent Dadi trop superficiellement. Car celui-ci à toujours aimé partager la musique avec d'autres, en duo (il y eut même une phase rock avec Pierrot Fanen), avec le trio Arvanitas (et ce fut une phase plutôt jazz, qui connut le succès sur la scène du palais des Glaces, puis en tournée), et dans diverses formules et formations. Ainsi les rencontres avec Il Etait Une Fois, Bluegrass Long Distance ou les sessions à Nashville. A chaque fois, l'idée n'était pas de « monter son groupe » de façon permanente, mais de montrer que le picking et les guitares déclinées à tous les cas de figure pouvaient se marier avec des styles différents.

De la même manière, Dadi a montré au cours de ses disques ultérieurs (Dadi Cool, New Style) son goût pour des auteurs aussi différents que Joni Mitchell, W.C. Handy ou... Franz Liszt. Malgré cet éclectisme d'interprète, le compositeur a toujours répondu « présent », parfois pour un album tout entier, comme le si joli Mélodies dont les thèmes sont inspirés par sa vie d'homme marié et de père. Tout ceci ne l'a pas empêché de trouver encore le temps de gérer ses deux magasins d'instruments (avec le concours de son propre père) et de mettre au point «la règle à Dadi ». Cette astucieuse réglette à glissière qui permet de trouver instantanément les positions des doigts sur un manche de guitare pour chaque accord désiré. Longtemps reléguée au rôle d'accompagnement, sauf dans les pièces classiques, la guitare est devenue en France, comme déjà elle l'était aux Etats-Unis et à un moindre degré en Grande-Bretagne, un instrument à part entière, soliste ou moteur d'un groupe ou d'un orchestre. Et cela, c'est en grande partie à Marcel Dadi que nous le devons.

Jacques Vassal - Guitares et Claviers.

Marcel Dadi à l'Olympia, voilà un lustre que le monde guitaristique attendait la nouvelle. Mais lorsqu'on apprend qu'il y jouera en duo avec Jean-Félix Lalanne, alors là, on peut parler d'événement avec un grand E. C'est dans le studio personnel de Jean-Félix et la douce moiteur d'un été parisien que nous avons débusqué les duettistes pendant le mixage final de leur album commun « Country & Gentlemen ». cette rencontre, au départ, de deux styles différents, n'a-t-elle pas posé de problèmes?

Marcel. En fait, ils n'étaient pas différents au début; nous avons puisé aux mêmes sources. Jean-Félix a commencé, à l'époque, sur mes disques. Il a également puisé son inspiration dans l'oeuvre de Chet Atkins que je faisais découvrir en France, ainsi que dans celles de Doc Watson et de Jerry Reed. Puis il a évolué en étudiant le classique et le jazz, deux styles sous-jacents du picking. Atkins a notamment enregistré Class Guitar, un album de musique classique, ou des disques plus jazz comme Progressive Picking qui, par exemple, comporte des thèmes jazz adaptés au picking, une technique de plus en plus utilisée par de nombreux guitaristes... Joe Pass par exemple. Cette rencontre était logique et cette approche différente n'a fait qu'augmenter l'intérêt du duo; les chorus et l'interprétation en ont été enrichis. Il y a dans notre duo une force, une énergie qu'il serait impossible de reproduire séparément.

Jean-Félix. Nous avons développé un climat... Marcel a sa couleur, j'ai la mienne... et nous avons la nôtre ensemble. Le picking reste avant tout un esprit, une technique. C'est une osmose de tous les styles qui nous permet de nous sublimer. Dans l'album ou sur scène, on met tout ce que l'on sait au service de la musique. Il y a alors deux instrumentistes au service d'une seule guitare. Notre album, Country & Gentlemen, est un parcours, un voyage. Ce n'est ni un album de picking, ni de jazz, c'est un album de guitare. Le picking est un jeu polyphonique, tu peux assurer la mélodie, les fondamentales et les harmonies. A partir de là, tu peux jouer ce que tu veux : du country, du classique, du jazz, du funk. C'est une technique très ouverte.

Y a-t-il dans l'élaboration des morceaux une préparation véritable, ou bien vous laissez-vous guider par le feeling?

Marcel. Au départ, ce disque devait être un 45 tours, ce qui prouve bien la spontanéité du travail. Les deux morceaux devaient être Country Symphonie (Jean-Félix) et Je te veux (Marcel), morceaux qui utilisent une technique nouvelle multipliant par dix les possibilités du picking traditionnel. Il y a les basses, la mélodie, l'accompagnement mais, en plus, la percussion. On a travaillé les arrangements sur les morceaux de Jean-Félix et nous avons été de surprise en surprise; ça a donné un climat nouveau, serein.

Jean-Félix. Le travail des compos a été très intéressant, car souvent la deuxième partie de guitare modifiait la première, la faisant évoluer.

Marcel. Je me souviens du projet des albums Nashville. Je devais enregistrer avec Stefan Grossman... son expression était trop blues, ce n'était pas mon esprit. Puis j'ai vu Eddy Mitchell à l'Olympia et j'ai rencontré Buddy Spicker, Charly McCoy, BilI Keith... On a décidé d'enregistrer un album à Nashville où, là-bas, j'habitais chez Buddy Spicker. Les répétitions commencent... et l'on apprend qu'il y avait seulement dix séances de studio de retenues. Tout se passe tellement bien que j'appelle mon producteur et lui demande une rallonge. Total: deux albums en dix huit séances avec douze musiciens. Les arrangements étaient plutôt un canevas, on définissait seulement la structure, un chorus et quelquefois une deuxième voix pour les harmonies. On ne peut donc pas vraiment dire que les arrangements étaient écrits. Avec Jean-Félix, c'est en fait la première fois que j'ai le temps de travailler un album.

Le fait de travailler avec des synthés, ça ne t'a pas gêné?

Marcel. Pas du tout! Quand je me suis retiré - je ne parle pas des trois albums sortis chez Carrère Dimanche après-midi, Guitare Goodies, et Dadi deux guitares - qui, pour moi, restent anecdotiques, j'ai équipé un studio avec un système MIDI complet: console MG12-12 Akai, séquenceur QX1 Yamaha, TX-816, sampler Akai, MKS 80 Roland, etc... et je me suis donc familiarisé avec ces techniques que j'ai maîtrisées. A ce stade de l'enregistrement on sent que les arrangements sont très léchés...

Marcel. Le côté léché vient certainement de la connaissance qu'à Jean-Félix de l'orchestration et du travail en studio, mais surtout du fait que c'est dans son studio d'enregistrement que nous avons fait le travail. On a eu tout le temps. Ce n'est pas comme l'album de l'Olympia où rien n'était préparé, où la veille du concert j'ai donné les grilles aux musiciens et où on a fait une seule et unique répétition. C'était spontané.

Jean-Félix. J'ai mené de front ma carrière de guitariste et de compositeur/orchestrateur. J'ai écrit la musique du film « Le Passage », ainsi qu'une symphonie pour guitare et orchestre créée à Bruxelles. J'ai beaucoup étudié l'harmonie, le contrepoint, l'écriture, l'orchestration, l'instrumentation... Je suis devenu un maniaque du son! La couleur de l'album « Country& Gentlemen » est très différente de ce que l'on a pu entendre sur les précédents disques de Dadi. Cela ne risque-t-il pas de surprendre, voire de désorienter?

Marcel. C'est ce que je veux! Je l'ai toujours voulu d'ailleurs. Certains m'ont mis une étiquette, mais ces gens-là ne me connaissaient pas vraiment. Dans Dimanche après-midi, je joue la Marche turque de Mozart, la Suite pour flûte et orchestre de Vivaldi, ainsi qu'un boléro de ma composition et une samba. On ne peut pas dire que ces oeuvres se ressemblent.

Jean-Félix. J'ai enregistré un double album dans lequel je joue une toccata à la guitare électrique. On m'a pris pour un fou. Je me moque de ça. Il n'y a pas vraiment de logique dans ce métier, la seule façon de s'en tirer c'est de faire les choses qu'on a envie de faire.

Marcel. Je pense que le public a compris que l'évolution d'un artiste est une chose naturelle. Il doit se laisser guider. C'est l'attitude du maître envers l'élève... La confiance est la base de l'enseignement.

A ce propos, tu as toujours eu une attitude particulière, très didactique, avec le public, chose que l'on rencontre assez rarement. Pourquoi?

Marcel. L'attention du public est indispensable, mais difficile à obtenir et à conserver. Les concerts classiques sont souvent ennuyeux, même si l'oeuvre est intéressante et l'interprète brillant. Il faut savoir donner des respirations.

En fait, tu appliques le principe américain des clinics...

Marcel. Tout-à-fait. Si un morceau est difficile, j'en prends le contre-pied en plaisantant, en expliquant cette difficulté, sachant que le public sera encore plus estomaqué après l'explication. J'utilise cela comme un effet de scène. Le public assiste au concert comme depuis les coulisses, et il en est d'autant plus motivé.

Et les guitares? Marcel sur Ovation, Jean-Félix sur Takamine. Est-ce dans un but commercial?

Jean-Félix. On ne fait pas de publicité, on fait de l'information. Je retrouve dans la Takamine une excellente qualité de lutherie et un moyen artificiel de restituer le son du bois, le son acoustique. J'ai un petit paramétrique basse, médium, aigu, qui permet de corriger la couleur du son.

Marcel. C'est la marque américaine Ovation qui, au départ, s'est penchée sur cette technique. Lorsque j'ai eu pour la première fois une Ovation entre les mains, j'ai plaqué un accord et je l'ai immédiatement adoptée. J'ai ensuite été présenté au constructeur qui voulait lancer la marque en France. Il m'a donné des guitares et je lui ai prêté mon nom. Ça a débouché sur mon deuxième album, dans lequel j'expliquais quelle guitare j'utilisais pour chaque morceau. Puis j'ai été invité à l'usine Ovation, dans le Connecticut. L'équipe travaillait alors sur le projet Adamas, dont Jean-Félix possède le prototype qui m'a été offert pour les albums Nashville.

Jean-Félix. C'est une guitare magique

Marcel. J'ai collaboré avec Charlie Kaman à l'élaboration de cet instrument. Il me ressemble. C'est pourquoi j'ai laissé le modèle Folklore au profit de celui-ci.

Tu aimes et utilises aussi les Gibson...

Marcel. Oui, et je le fais savoir!

Et la guitare MIDI?

Jean-Félix. Je pense qu'il y a un manque de maturité chez les guitaristes qui l'utilisent. Très peu d'entre eux jouent dans l'esprit du son qu'ils programment. De plus, il y a une adaptation obligatoire au niveau du jeu, notamment à cause des retards. C'est une adaptation difficile. Je me souviens d'un morceau que je jouais à la guitare synthé sur le spectacle de Francis, mon frère, et j'étais plus vidé après ça qu'après le concert lui-même.

Depuis quelques années, on sent une baisse d'intérêt pour la guitare acoustique. Quelle en est la cause selon toi?

Marcel. Effectivement. Tout le monde s'est lancé à corps perdu dans les synthés, les guitares électriques, les bassistes et les batteurs en ont énormément souffert.

Jean-Félix. Finalement, il s'est produit une sélection naturelle. Certains des musiciens qui s'étaient mis au clavier ont continué, d'autres sont revenus à leur instrument d'origine selon ce qu'ils recherchaient.

Prochaine étape, l'Olympia?

Marcel. Oui, et cela va faire l'objet d'un enregistrement. Il n'y aura que des nouvelles compos. Par la suite, il y aura une tournée de concerts en province. Jean-Félix et moi serons également très présents au Salon de la Musique. Ensuite, il y aura le Festival de la Martinique.

Ce sera ton sixième Olympia?

Marcel. C'est exact. Mon premier Olympia remonte à 1973 puis à 1975 à 18 h 30 avant le spectacle de Charles Trénet. Ensuite 1977 avec Atkins, en 1980 avec Sébastien, puis en 1983 avec Bachelet.

Jean-Félix. Moi, j'en ai fait dix... dans la salle.

Propos recueillis par Guy DUPONT

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